Serge Morin prend position dans le débat sur la dernière crue dans le Marais
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Mercredi 16 avril 2013

Depuis vendredi, la colère de certains agriculteurs face à la crue que nous connaissons est relayée dans la presse. Dès vendredi matin, un collectif d’agriculteurs s’est rendu sur le barrage de la Sotterie, à Coulon, pour « dénoncer l’absence de réactivité des services de l’État », en tant que gestionnaire des ouvrages hydrauliques.

Je suis tout à fait solidaire des éleveurs et je comprends les désagréments causés, néanmoins, si des manœuvres d’ouvrages auraient limité le niveau des eaux de quelques centimètres en début de crue, elle ne l’aurait pas empêchée.

Je rappelle également qu’en aval, les conchyliculteurs de la baie de l’Aiguillon subissent la gestion du bassin versant ; leur activité économique nécessite une eau de qualité et en quantité maîtrisée.

Les pluies enregistrées la semaine dernière, sans être exceptionnelles, se sont traduites par une augmentation rapide des débits et par une crue inévitable, les sols déjà saturés n’étant plus en capacité de retenir plus d’eau.

Néanmoins, il ne s’agit pas uniquement d’un problème conjoncturel, qui pourrait être réglé par quelques mesures ponctuelles, à l’instar des manœuvres d’ouvrages.

Nous devons constater un problème plus profond. Au fil de ces dernières décennies, l’agriculture s’est orientée vers la mise en culture des zones hum ides sur l’ensemble du bassin versant qui draine les eaux jusque dans le Marais poitevin. Les sols cultivés, parfois drainés, retiennent moins les pluies que les prairies naturelles autrefois présentes dans les fonds de vallées. L’urbanisation des zones pavillonnaires et des zones économiques s’est traduite par l’imperméabilisation de surfaces importantes. Les zones humides de la Sèvre et de ses affluents ne jouent plus leur rôle tampon. L’eau arrive désormais beaucoup plus vite dans le Marais, ce qui se traduit par des crues plus rapides et plus hautes.

Nous subissons aujourd’hui les effets de plusieurs décennies d’imperméabilisation des sols de l’ensemble du bassin-versant du Marais poitevin.

Il s’agit donc, en priorité,
– de créer et préserver des espaces tampons en amont du Marais, depuis Lusignan, Pamproux, Saint-Maixent, la Crèche, etc… (en préservant et restaurant notamment des zones humides, en limitant leur labour, en réimplantant des prairies naturelles, des fossés et des haies…)
– de compenser le handicap de l’élevage en zone humide, dans le cadre d’une aide spécifique qui pourrait être une déclinaison prochaine du second pilier de la PAC.

C’est dans ce sens, à travers l’Établissement Public du Marais Poitevin notamment, que nous devons soutenir la mise en œuvre d’une politique globale de bonne gestion de l’ensemble du bassin versant.

Serge Morin,
Vice-Président du Parc du Marais Poitevin