Les ayatollahs du bio vous saluent
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J’ai été très amusée à la lecture des deux articles dans le CO du 06 février concernant la part du Bio dans les cantines. Où le Maire de Saint-Marc-la-Lande propose des repas de cantine à quasiment 100% bio ET local par préoccupation de la santé des enfants de sa commune, Rose-Marie Nieto à Niort se trouve toutes les excuses au monde face au pitoyable 8% de bio proposés dans les cantines de la ville.

Le bio trop cher ? Balivernes. Rappelons que ce sont près de 18% de la production alimentaire destinée à la consommation humaine qui serait gaspillée chaque année. En luttant contre le gaspillage alimentaire dans les cantines, le « surcoût » du bio peut être absorbé. D’autres communes l’ont fait. Et en accompagnant l’installation de producteurs bio au niveau local, on peut également faire baisser les coûts (transports en circuits courts) tout en développant l’économie locale, sécurisant des emplois et favorisant une production locale et de qualité plus rémunératrice pour les producteurs. Mais ça, ça demande une volonté politique autre que celle à laquelle nous avons droit depuis 2014 à la ville comme à la CAN.

En effet, où est le Projet Alimentaire Territorial de la CAN ? Ce dispositif (qui existe ailleurs depuis 2014) permet d’aborder les questions d’environnement et de santé et d’opérer la nécessaire transition alimentaire et agricole sur un territoire, dont le développement de la filière Bio. La CAN est très en retard sur ce projet, une première ébauche de PAT datant de 2018 n’ayant pas été retenue par les services de l’État. Dommage.

Et Résalis dans tout ça ? Démarche initiée par l’ancienne équipe du conseil départemental en 2011, Résalis avait pour but de valoriser les produits sains et locaux, de maintenir des emplois, et de participer à la cohérence territoriale. Plus que juste une plateforme de distribution, ce projet devait impulser un nouveau modèle économique sur le département des Deux-Sèvres, ainsi qu’une optimisation du territoire pour le développement de cultures agro-écologiques, dont le Bio, filières créatrices d’emplois. Ce dispositif a été dépecé par l’équipe départementale en place, équipe à laquelle appartient Madame Nieto. Vraiment dommage.

Quand à comparer l’agriculture raisonnée au bio, il y a de quoi rire. Bien que dotée d’un caractère limitant, l’agriculture raisonnée reste de fait une agriculture industrielle « classique », utilisant pesticides et engrais chimiques. Rappelons que l’agriculture raisonnée est défendue en France par le réseau FARRE, regroupant l’UIPP (Union des industries de la protection des plantes), l’ANIA (Association nationale professionnelle pour les engrais et les amendements) etc.

Vouloir développer le Bio et ainsi tendre vers 100% de Bio local dans les assiettes de nos enfants ne relève pas d’ambitions farfelues ou irréalisables. C’est vouloir répondre de façon responsable aux enjeux de santé public, d’économie locale, et de la qualité de nos terres ainsi que celle de la ressource en eau. C’est une question d’avenir de vie et de choix de société. Madame Nieto et moi-même n’ambitionnons, de toute évidence, pas la même.

Les ayatollahs du bio vous saluent.

Monique JOHNSON

Elue EELV

Ville de Niort et CAN