Réponse à l’enquête publique ouverte du 23 mai au 24 juin 2022, portant sur la demande d’autorisation environnementale pour un projet d’extension d’un élevage avicole sur la commune de Vernoux-en-Gâtine. Demandeur : GAEC La Grande BAUBIÈRE.
Alors que les élevages intensifs industriels hors-sols de volailles ne cessent d’être impactés par des crises sanitaires à répétition obligeant à l’abattage préventif de millions d’animaux non consommés malgré les lourds investissements pour les produire, cette enquête publique vise à l’ouverture d’un nouvel atelier de production de 1320 m2, dans une zone actuellement durement touchée. Il est aberrant de vouloir continuer à produire des volailles dans ces conditions remises en questions par les consommateurs et très fortement dégradantes pour la santé humaine et l’environnement. De surcroît, le coût élevé pour les finances publiques des abattages de « prévention sanitaire » est à prendre en considération.
Comment peut-on en 2022, au vu des nouvelles connaissances, accepter la mise en place d’un atelier de production de volailles avec des normes validées par un arrête datant du 28 janvier 2010 autorisant la mise en place d’une charge de 22,95 « poulets standards » au mètre carré élevés en 38 jours ou de leurs « équivalent volaille », pintades ou dindes. (voir tableau joint.)
Qu’apporte pour le bien-être animal la norme NA (Nouvelle Agriculture) qui fait que les poulets seront élevés en 40 jours au lieu de 38 à raison d’une charge de 15,81 poulets au mètres carré ?
Nous savons maintenant que ces concentrations excessives ( 60 588 poulets maximum à l’instant t pour ce projet) sont sources d’épizooties, favorisant par suite les pandémies humaine par l’affaiblissement des barrières naturelles entre les espèces. Il a été montré que les espèces sauvages étaient peu ou pas touchées par l’Influenza Aviaire Hautement Pathogène.
Cette exploitation des volatiles est, rappelons-le, réalisé dans des ateliers hors-sol, hors air libre, avec une lumière artificielle de 16h à 18h par jour et dans des conditions de surprotection sanitaire, faisant usages de produits pharmaceutiques pour éviter les pertes liées à la concentration extrême des volatils et de leur déracinement de leur milieu naturel.
Ces produits vont se retrouver dans les fientes et les fumiers épandus puis dans les eaux des rivières Thouet et Sèvre Nantaise déjà très en difficulté. Et pour une autre part dans l’air évacué.
Le projet prévoit en outre d’augmenter les cultures de blé. Or cette culture comme les autres grandes cultures se caractérise généralement par la destruction des haies bocagères et la diminution des prairies si utiles dans le cadre de la protection contre le réchauffement et le dérèglement climatique.
Un projet de Parc Naturel de Gâtine Poitevine est en cours d’élaboration. Avons-nous des garanties que ce projet ne va pas contribuer encore plus à la destruction de ce qui fait la caractéristique du paysage : un bocage principalement herbagé, avec un réseau de haies de qualité, une biodiversité remarquable ?
Un moratoire sur ce type de projet doit s’imposer pour permettre la mise en place d’un élevage vraiment respectueux de la condition animale, de la santé des humains, de la protection des sols et des eaux. L’impact financier des externalités négatives (pollutions, risques sanitaires élevés pour les populations avoisinantes, coût des abattages préventifs, destruction de la biodiversité génétique des volailles par le mono-élevage de races hybrides productives…)
Il ne s’agit pas de mettre en cause les porteurs du projet dans leur souhait de réussir une succession de l’entreprise familiale, réalisable autrement, mais d’alerter sur les conséquences inéluctables de ce projet et de les éviter. En effet, l’exploitant ne fait que suivre une logique financière implacable, celle du produire plus, de l’endettement et de la sur-spécialisation des exploitations agricoles. Ce modèle est en phase terminale, il broie les hommes et les femmes, anéanti la biodiversité et ne permet pas aux paysans (exploitants agricoles) de vivre de leur travail.
Produire 240 000 volailles par an, seul sur une exploitation de 95 ha, est-ce bien raisonnable ? Une autre agriculture est possible, les réussites ne manquent pas, mais il faut accepter de remettre en cause une logique qui n’enrichit que les intermédiaires et les traders de poussins et de viande bas de gamme, au détriment de la santé des animaux et des humains.
En conclusion, nous souhaitons qu’un avis défavorable soit apporté à ce projet.
Jean Collon
Militant écologiste.
Pierre Morin et Antoine Soldati
Co-secrétaires du Groupe Local EELV Deux-Sèvres
Guillaume Dumoulin
Porte-parole EELV Deux-Sèvres
Extrait du « dossier non technique » p.3 . GAEC de La Baubière par Terrena Innovation
Source: https://agriculture.gouv.fr/influenza-aviaire-la-situation-en-france