Les irrigants nous bassinent !
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EELV79 souhaite réagir concernant l’article paru le 09 février « Les irrigants déposent 21 projets de bassines ». Ces 21 retenues de substitution de 120 à 850.000 m3 d’eau en Deux-Sèvres font parties des 27 projets de retenues qui seront prochainement déposés dans le cadre de la « Demande d’autorisation unique pluriannuelle de prélèvements d’eau pour l’irrigation agricole » de l’Établissement Public du Marais Poitevin (EPMP).

Ces 27 bassines, dont les 21 soutenues par la SCAE et l’AIDS en Deux-Sèvres,  représentent un prélèvement de plus de 10.000.000 m3 d’eau. Ces projets sont très inquiétants et en contradiction total avec les enjeux de ce territoire, le Marais Poitevin, plus vaste zone humide du littoral français.

Le lobbying des irrigants consiste à tenter de faire croire que les retenues de substitution vont permettre de s’affranchir des conditions climatiques sans dégâts sur l’environnement et tout en stimulant l’économie locale. Mais il n’en est rien. Une bassine de 180.000 m3 coûte environ un million d’euros, donc les 10.000.000 m3 de retenues coûteraient la bagatelle de 50 millions d’euros, très largement subventionnés par le contribuable. Un rapide calcul nous amène à 39 millions d’euros pour, en Deux-Sèvres,  « une bonne centaine d’agriculteurs irrigants » selon la SCAE.

Mais plus qu’un problème strictement financier, il s’agit surtout d’un problème de modèle agricole.
Créer des réserves de substitution s’inscrit dans un modèle agricole fondé sur les grandes cultures intensives, souvent accompagné d’intrants en pesticides importants, et notamment sur le maïs qui occupe une place prépondérante dans le Marais Poitevin, avec 60% des surfaces irriguées. Rappelons que les principaux enjeux du « Plan agro-environnemental et climatique 2015-2020 » pour le Marais Poitevin sont de maintenir les prairies du marais et conforter les élevages, conserver le caractère humide des prairies, soutenir les pratiques agricoles favorables à la biodiversité. La création de bassines et le type d’agriculture qu’elle sous-entend, ne répond en rien à ces enjeux. Subventionner l’irrigation contribue à accroître les disparités dans la profession au détriment des éleveurs et est en contradiction avec la remise en prairie d’une partie des terres cultivées. Les investissements et aides publiques à consentir devraient être réservés à créer des emplois et de la valeur ajoutée agricole en circuit court (semences, maraîchage, horticulture, élevage…) ainsi qu’à accompagnement des agriculteurs vers la mise en place de systèmes agricoles plus respectueux de l’environnement et compatibles avec les autres activités génératrices d’emplois de ce territoire, telles le tourisme et l’aquaculture.

Les politiques de soutien à l’irrigation à court terme ne peuvent constituer une solution responsable, ni pour les finances publiques, ni pour les milieux naturels, ni pour le développement des territoires ruraux qui devront être, demain, pourvoyeurs d’aliments sains et d’emplois nombreux et non délocalisables.

Aux représentants des irrigants en Deux-Sèvres, pour qui il est essentiel de « trouver un compromis avec l’État et la Société dans son ensemble » nous disons « chiche ! ». Faisons ensemble pour que la gestion qualitative et quantitative de l’eau, patrimoine commun de la nation, soit collective, et qu’elle repose sur une politique d’économie d’eau et de pratiques agricoles adaptées.

Monique JOHNSON 06 15 81 05 69
Bernard JOURDAIN 06 82 94 90 76
Secrétaires EELV79