Les mains du législateur français serrent la gorge de la recherche française
Partager

Niort, le 24 novembre 2020

Projet de loi de programmation de la recherche : les mains du législateur français serrent la gorge de la recherche française

Vendredi 20 novembre, suite au vote par le Sénat du Projet de loi de programmation de la recherche pour la décade 2021-2030, le gouvernement et la majorité de droite entérinent un projet décrié dont le manque d’ambitions et les effets délétères contrastent avec la volonté pourtant affichée du Président Macron de soutenir et renforcer la recherche scientifique hexagonale. Une fois encore, le fossé est vertigineux entre les annonces de la macronie et la réalité affrontée par le monde de la recherche. En 2017 pourtant, le Président de la République faisait de grands effets d’annonce à l’orée du “One Planet Summit” pour financer la recherche liée au changement climatique et attirer les cerveaux étrangers tout en encourageant la recherche nationale.

Le constat est amer. L’objectif initial prévoyait une augmentation de 25 milliards d’euros sur 10 ans  pour tendre vers l’ambitieux 3% de la part du PIB consacrée à la recherche et au développement, contre 2,2% en 2017. A l’arrivée, le projet de loi ne fera qu’accroître la précarisation, le sous-investissement, les nouveaux crédits repoussés aux calendes grecques…

Alors que les recrutements de maîtres de conférence sont déjà en chute libre depuis plusieurs années, c’est le statut d’enseignant-chercheur qui est aujourd’hui attaqué, paupérisé sur l’autel de la mise en concurrence. Il est vital de soutenir et de protéger le travail de nos chercheuses et chercheurs, de renforcer l’attractivité de l’enseignement supérieur français si l’on souhaite susciter des vocations, favoriser l’innovation et obtenir des avancées scientifiques comme un vaccin contre la Covid 19. Le projet de loi de programmation de la recherche ne va hélas pas en ce sens !

Réaction de Monique JOHNSON – Maître de Conférences en Écologie

« En tant qu’enseignante-chercheuse, cette loi me met en colère et m’inquiète beaucoup. Premièrement parce qu’elle ne répond pas au sous-financement chronique des universités. Le « brain-drain », la fuite des cerveaux vers d’autres pays a encore de beaux jours devant lui…

A l’université de Poitiers, les restrictions budgétaires amènent depuis plusieurs années la fermeture de formations ainsi que la diminution imposée des effectifs et ce pour des formations qui ont pourtant fait leurs preuves aussi bien en attractivité qu’en insertion sur le marché du travail. Aussi, cette loi n’envisage le financement de la recherche que par le prisme d’appels à projets compétitifs. Quid de la recherche fondamentale pourtant primordiale ? Quid de la recherche innovante et libre des interférences de L’État ? Il est plus que problématique aussi que cette loi ne prenne pas en compte la complémentarité entre la recherche et la formation et ainsi néglige ce qui fonde la spécificité du modèle universitaire. »

Sur un autre registre, mais tout aussi préoccupant, dans cette loi figure un délit de « trouble à la tranquillité et d’atteinte au bon ordre des établissements » qui entrave les libertés les plus fondamentales, dont la liberté d’expression. Les étudiant.e.s n’auront qu’à se tenir à carreau, subir les décisions du gouvernement et suivre sans broncher les enseignements que celui-ci voudra bien approuver.

Europe Ecologie Les Verts 79 s’insurge contre cette loi dévastatrice et liberticide qui appelle sans vergogne à la restriction des libertés académiques et à leur subordination à des  « valeurs »  non définies et laissées à l’interprétation du moment.

Monique Johnson, Porte-parole du GL EELV Deux-Sèvres   06 15 81 05 69 

Virginie Léonard et Serge Morin, Co-secrétaires du GL EELV 79